Beaucoup moins médiatisée que dans la Roya ou à Calais, la situation dans le Briançonnais est terrible sous bien des aspects. L’État français met en place une politique de non-accueil et de répression féroce. Les migrants présents depuis plus d’un an, suite à l’expulsion de Calais et leur déportation dans les CAO, sont pris dans les rouages de l’administration sans aucune porte de sortie. Celles et ceux qui passent la frontière sont pourchassés, contrôlés, enfermés, expulsés, condamnés à la clandestinité.
Multiplier les lieux d’accueil et les actes de solidarité
De nombreuses personnes se bougent pour accueillir les exilés. Des particuliers ouvrent leurs portes, d’autres mettent la pression aux institutions, des maisons sont occupées pour fournir un lit, un canap, de quoi se reposer, se laver, manger. Ça fait plaisir, surtout quand on voit l’ambiance raciste et xénophobe qui règne dans ce pays. Alors on va pas s’arrêter là ! L’État essaye de récupérer ce mouvement de solidarité, de le formater, de l’institutionnaliser, tout en rendant le quotidien des migrants invivable, plein de violence et de désespoir. A nous de ne pas être dupes face à cela. D’éviter les pièges dans lesquels on veut nous faire tomber. A nous de mettre les élus devant leur responsabilité : on ne peut pas clamer haut et fort qu’on ira dans l’avion empêcher une expulsion et le lendemain féliciter la police aux frontières pour des dizaines de reconduites en Italie. Spéciale dédicace à une girouette bien connue dans notre département !
Méfiance vis à vis des forces de l’ordre
Bien conscient des passages de frontière incessants et de l’ampleur du mouvement de solidarité, l’État demande aux personnes solidaires de ramener les migrants au commissariat pour les ficher. Certain.e.s sont tombés dans le panneau. On ne nous y reprendra plus ! A nous d’affirmer qu’il ne faut pas collaborer avec les flics, sous aucun prétexte. On n’est définitivement pas du même côté.
Il nous appartient aussi de diffuser des pratiques pour éviter les contrôles. Par exemple, renouer avec le ô combien salutaire « appel de phares », qui si il permet à certains de conserver leur permis, peut éviter à d’autres d’avoir à présenter leurs papiers et de se faire expulser. Faites passer l’info à vos amis et collègues… De même, il faut faire gaffe à ce qu’on raconte. Si certain.e.s s’enorgueillissent de n’avoir rien à cacher et se sentent protégés par la légitimité de leurs actes, on est nombreux et nombreuses à risquer des amendes ou d’aller en tôle pour ce qu’on fait. Alors on ne balance pas les copains et copines, on ne file pas les adresses et les noms des hébergeurs et n’oubliez pas : « RIEN A DECLARER » est la seule chose que nous avons à répondre aux forces de l’ordre, même si l’officier qu’on a en face à l’air « sympa » et « compréhensif ». Qu’il démissionne s’il est sincère !
S’organiser et lutter
Accueillir, héberger, faire passer, filer des coups de mains aux exilés, c’est épuisant et parfois on se demande si on n’est pas impuissant face aux rouages administratifs et à l’urgence. Il faut qu’on se retrouve pour s’organiser collectivement et se donner de la force. Au delà des nécessaires réseaux de solidarité que nous avons constitué sur le territoire, il nous faut imaginer des moyens pour lutter contre les infrastructures qui font de la vie de nos potes un enfer, comme les centres de rétentions administratifs ou les locaux de la police aux frontières. Remettre en question le rôle des états et de l’économie capitaliste, responsables des guerres et de la misère. Car si nous sommes solidaires, ce n’est pas par charité, ce n’est pas parce que l’on considère les migrants comme des victimes. C’est parce que nous aussi on galère dans ce monde de merde. On préfère partager la révolte que le désespoir !
Des hauts alpin.e.s en colère
Le 19 août 2017