Entretien à l’hôpital de Briançon samedi 19 août 2017 suite à « l’accident » de la nuit précédente au col de l’Echelle.
Deux personnes exilées ont fait une chute de 40m dans les barres rocheuses près du col de l’Echelle pour fuir les forces de l’ordre. Une des victimes, dans un état grave, a été transférée vers Grenoble en service de neurochirurgie. La seconde personne est en service de médecine à l’hôpital de Briançon.
Nous avons pu lui rendre visite. Il présente de multiples plaies au visage et sur le corps, ne peut pas se déplacer pour le moment, mais est lucide sur ce qu’il s’est passé. Il évoque de manière très claire les circonstances des faits. Pendant la nuit, alors qu’ils étaient en chemin pour la France en vue d’une demande d’asile, ils ont vu une voiture de police. La voiture s’est arrêtée, les portières se sont ouvertes, les policiers sont sortis et se sont lancés directement à leur poursuite sans dire un mot.
Les deux exilés se sont mis à courir aussi, sans voir où ils allaient à cause du simple fait qu’il faisait nuit, et ont alors chuté d’une quarantaine de mètres. Les secours en montagne ont été appelés pour secourir les 2 victimes.
Ces faits concrets nous ont été clairement relatés.
A l’hôpital et dans les médias, on parle d’un accident. Pour nous, il s’agit de la conséquence de la militarisation, et du contrôle de plus en plus conséquent et violent aux frontières, et des moyens déployés pour empêcher les personnes exilées d’arriver en France.
Doit-on attendre que la police tue aux frontières du Briançonnais pour se mobiliser enfin ?
A ce jour, nous attendons des nouvelles de la personne envoyée à Grenoble à cause de la gravité de son état de santé.
Ne passons pas sous silence cette histoire en laissant croire à un accident dû aux dangers de la montagne.
La police tue, a déjà tué au-delà même des frontières, et sous couvert de l’Etat.
Ces victimes ont aujourd’hui la chance d’être encore en vie, n’attendons pas d’autres drames de ce genre pour réagir !!!!!!
Mise à jour des infos : l’ensemble de la presse attend sagement le communiqué de presse de la police pour publier des informations sur le sujet, et leurs articles se ressemblent à la virgule près. Nous autres, les peons, apprenons seulement qu’il y avait un troisième migrant, et qu’un autre migrant auquel les policiers ordonnaient de ne pas bouger pour éviter une chute, n’a pas été sage : il est tombé de la paroi…
Même les bons petits soldats du Daubé, qui avait publié un entrefilet signalant que « la police avait sauvé la vie de deux migrants », remarquent le silence radio depuis une semaine. Les flics étaient quand même bien emmerdés que leur jeu sinistre ait tourné au macabre. Aucune mention par contre de l’impitoyable réexpédition en Italie des migrants survivants.