15/09 Gap Squat Maison Cézanne: Soirée de soutien

Soirée de soutien à la maison Cézanne Vendredi 15 sept à 18h (RDV à Cézanne)

En prévision du procès concernant l’expulsion de la maison le mardi 19 septembre à 10h30, parce qu’il y a toujours autant de monde (voire plus) à utiliser la maison et aussi pour se retrouver après l’été, nous organisons une soirée.

RDV vendredi 15 septembre à partir de 18h à Cézanne

Spectacle de théatre sur
l’insurection de la Petite Agitée
Chorale Révolutionnaire Les Meutes
Concert de Rap soudanno-doien La Carie

Cantine solidaire et glaces du Diois sur place

Prix libre en soutien à Cézanne et à Un Toit Un Droit. Nous acceptons aussi de la nourriture !! et c’est une bonne ocassion pour les donations !!!!

Vu l’aggravation de la situation, se rencontrer devient encore plus nécessaire.

CONTRE LES FRONTIÈRES, SOLIDARITÉ
LONGUE VIE À LA MAISON CEZANNE


Un toit un droit, 2 rue Ernest Cézanne à Gap, en face de l’entrée des urgences (en périphérie du centre ville, banderoles sur la maison)

Pour nous joindre : 07 53 76 06 47 / untoitundroit@riseup.net

Pour être informé-e (activités, besoins, urgences…) : envoyer un mail à cette adresse ET/OU un sms pour demander votre ajout sur la liste (les infos passent parfois par l’un ou l’autre, pas toujours les deux).

Si vous souhaitez recevoir plus participer plus activement: envoyer un mail vide à cezanne-subscribe@lists.riseup.net (liste de discussion).

10/09 Veynes Squat: Le CHUM ouvre ses portes

APPEL À SOLIDARITÉ AVEC LES MINEURS ISOLÉS EN EXIL

OUVERTURE D’UN LIEU D’ACCUEIL À VEYNES

 Face à la situation d’urgence et à la mauvaise volonté de l’État et du Département des Hautes-Alpes, une maison (à l’abandon depuis plus de 10 ans et appartenant à un obscur office foncier public marseillais) est réquisitionnée à Veynes pour loger des migrants mineurs laissés à la rue.

 Nous avons besoin d’aide pour assurer un accueil digne et solidaire de 10 à 20 jeunes dans cette maison, préparer des repas, donner des cours de français, organiser des activités diverses et variées (bricolage, jeux, randonnée…), accompagner dans les démarches administratives (reconnaissance de minorité, demande d’asile, scolarité…) et tout simplement faire vivre le lieu !

Nous avons besoin de nourriture, vêtements, produits d’hygiène, matelas, couvertures et draps, meubles, machine à laver, bouteilles de gaz… et aussi de sous pour la cagnotte !

 Nous exigeons immédiatement des conditions d’accueil dignes pour toutes et tous les exilé- e-s arrivant en France, et nous nous organisons depuis nos villages pour rendre possible cet accueil solidaire !

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Depuis plusieurs mois, des dizaines de migrant-e-s, des hommes pour la plupart, et parmi lesquels de nombreux mineurs, venus majoritairement d’Afrique Centrale et de l’Ouest, arrivent chaque jour à Briançon, après une traversée des Alpes de plusieurs jours depuis l’Italie. Ils sont contraints d’emprunter des cols à plus de 2 000 mètres d’altitude du fait du renforcement de la pression policière et militaire aux points de passages situés plus au Sud, notamment Vintimille sur la côte d’Azur et la vallée de la Roya sur les contreforts des Alpes Maritimes.

L’État français, en vertu de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant dont il est signataire, est tenu d’assurer protection et aide à tout mineur isolé, et ce sans distinction de nationalité ou d’origine. À ce titre, les mineurs arrivés dans les Hautes-Alpes s’enregistrent aux services de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), au Conseil Départemental des Hautes-Alpes (CD 05) à Gap.

En attendant leur éventuel placement sous protection par le procureur de la république, en cas de reconnaissance de leur minorité suite à une évaluation faite par les services du CD 05, les jeunes mineurs doivent être mis à l’abri. Ce n’est malheureusement pas le cas pour tous car les institutions locales ont beaucoup tardé à prendre la mesure de la situation, malgré les avertissements et mobilisations incessantes des collectifs et associations d’accueil humanitaire des Hautes-Alpes depuis des mois. Ainsi, plusieurs dizaines d’entre eux dorment chaque nuit dans la rue ou sont logés temporairement dans des familles solidaires. Nous dénonçons le cynisme des institutions locales qui sont averties de la situation mais ne prennent pas les mesures qui s’imposent (comme la réquisition de bâtiments vides) pour mettre à l’abri toute personne – qu’elle soit française ou étrangère – dormant à la rue.

Le traitement des dossiers d’évaluation de minorité est une autre illustration de la brutalité et de l’arbitraire de l’Administration à l’égard des exilés, ainsi que de la volonté manifeste de durcir les conditions d’accueil afin de les dissuader de rester en France, 6ème pays le plus riche de la planète.

Ces mineurs ont franchi la Méditerranée dans des conditions épouvantables, sont arrivés par la Libye où ils ont subi l’emprisonnement, le travail forcé, le viol, les rançons et les meurtres, ont traversé le désert du Sahel, et ce après avoir quitté leurs familles dans des pays souvent ravagés par des guerres et/ou des conditions de misère sociale et économique, bien souvent liées à des interventions économiques et militaires (aux tristes relents colonialistes) de l’État français.

À leur arrivée en France, ils sont traités comme des suspects, soumis à des interrogatoires humiliants, leur dentition et leur pilosité sont auscultées. Ils subissent des tests osseux, la « cohérence » de leur récit ainsi que leur degré de « maturité » sont étudiés. Ces « enquêtes » aboutissent à de nombreuses « dé- mineurisations », qui ferment les portes de la prise en charge par l’ASE. C’est donc le retour à la rue pour déjà une 20aine de jeunes depuis le début de l’été, abandonnés à leur triste sort et complètement désabusés.

En parallèle, la répression policière de l’État se fait sans cesse plus forte dans notre département frontalier. Patrouilles, contrôles et rafles au faciès dans les rues et la gare de Briançon, suivies de reconduites de force, immédiates et illégales, en Italie… Militarisation en forte augmentation dans les cols routiers frontaliers. Tout ce déploiement policier et militaire n’empêche pas les passages de migrants déterminés, mais les oblige à prendre des risques de plus en plus grands. La preuve, fin août, une course poursuite de la police aux frontières au col de l’Échelle a abouti à la chute de deux migrants dans un ravin de 40 mètres, l’un d’eux étant toujours hospitalisé dans un état grave.

Face à ces politiques d’exclusion de l’État français, des solidarités et des résistances locales s’organisent, venant de différents groupes et/ou personnes :

  • Balisage et dépôt d’eau et de couvertures sur des sentiers de montagne frontaliers
  • Réquisitions de logements vides, à Gap depuis un an (Maison Cézanne) et à Briançon le mois dernier (Marcel sans frontières), et hébergements par des particuliers
  • Accompagnement juridique et administratif, soutien au quotidien
  • Convoyages vers des lieux plus surs
  • Distribution de petits déjeuners et cantine les jours de pointage des nouveaux arrivants au CD 05
  • Cours de français et activités diverses et variées favorisant l’intégration des jeunes dans les villages
  • Nombreuses manifestations et mobilisations (campements fin juin devant la préfecture, occupation du Conseil Général début août…) pour exiger une prise en charge et une mise à l’abri réelles

C’est pourquoi nous décidons ce samedi 9 septembre 2017 de réquisitionner « la maison des chefs de gare » située 23 avenue des Martyrs à Veynes (rond-point direction Grenoble, 300m à gauche), pour y accueillir une 20aine de migrants mineurs, en attente de leur mise à l’abri par le CD 05 ou après le rejet de leur prise en charge ayant entraîné leur renvoi à la rue.

 Cette maison appartient à un obscur office public foncier marseillais qui l’a laissée à l’abandon depuis plus de 10 ans, nous pensons qu’il est légitime de l’occuper pour pallier à l’urgence humanitaire de personnes à la rue, d’autant plus que l’hiver approche.

Nous continuerons en parallèle de nous mobiliser pour que les institutions d’État et du CD 05 changent leurs politiques d’accueil déplorable et de répression systématique à la frontière italienne.

 DÉMULTIPLIONS LES FOYERS DE RÉSISTANCE, DE RENCONTRE ET DE SOLIDARITÉ ENTRE LES PEUPLES ! AUCUN ÊTRE HUMAIN N’EST ILLÉGAL, ACCUEIL SANS FRONTIÈRES !

Des habitant-e-s solidaires des Alpes du Sud – Collectif CHUM (Centre
d’Hébergement d’Urgence de Mineurs exilés)

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Pour nous contacter et nous rejoindre, le mieux c’est de passer directement au 23 avenue des Martyrs à Veynes, à toute heure de la journée ou chaque soir à 19h pour les assemblées d’organisation du collectif de soutien.

05/09 Briançon Squat « Chez Marcel »: Appel à chantier

Le chantier isolation est terminé! Après une grosse semaine de travail acharné, Papiers et Sans Papiers sont parvenus à finir les travaux indispensables de la maison pour faire face à la rudesse de nos bonnes vieilles montagnes hautes alpines!

Vive la paille! A bas toutes les frontières!

 

Salut à tous et toutes,

Un chantier d’isolation est prévu au Squat « Chez Marcel » (lieu d’accueil
des amiEs sans-papiers). La maison est composée d’une grande grange et
d’une partie habitation. Pour anticiper l’hiver, on a décidé de mener un
chantier de plusieurs jours à partir du 5 septembre. Il s’agit d’isoler
murs et plancher avec paille et balle de riz. Pour le financement du
projet, on est au top. Pour la main
d’oeuvre…on vous attend tous et toutes pour 2 heures, 2 jours ou 2 ans:
20 route de Puy Saint Pierre à Briançon.

On a besoin également de personnes motivéEs pour faire la bouffe durant le chantier… car comme on dit: on ne peut pas être au four et au moulin!

RDV à partir du 5 septembre pour le déchargement des bottes de
paille!

 

Hautes-Alpes : Ne pas faire confiance à la police française

Texte reçu sur la boîte mail :

Officiellement, les forces de police et de gendarmerie assurent leur mission de maintien de l’ordre en  s’assurant de respecter un code de déontologie qui subordonne leur action au strict respect de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, de la Constitution, des conventions internationales et des lois, et exige notamment intégrité, impartialité, aide et assistance aux personnes.

Dans la zone frontalière franco-italienne, nous nous interrogeons sur la confiance à accorder à ce bel engagement officiel des forces de l’ordre. Il arrive à l’occasion que des agents en uniforme conduisent certains « migrants » depuis la haute montagne, Névache par exemple, jusqu’à Briançon (où la  MJC fait encore pour quelques jours office de CAO). Mais des événements récents ont écorné la jolie carte postale. Dans la nuit du vendredi 18 août, deux marcheurs nocturnes sans lampe arrivant d’Italie dans le secteur du col de l’Echelle ont été poursuivis par une équipe de police jusqu’à chuter d’une falaise d’environ quarante mètres. Ils sont à présent à l’hôpital, l’un des deux dans un été grave en service de neuro-chirurgie. Dans une zone de haute montagne, de nuit, une telle chasse à l’homme constitue une mise en danger inhumaine et injustifiable de personnes vulnérables dont le tort vraisemblable est de chercher asile sur le sol français.

Le renforcement  actuel du dispositif policier dans les Hautes-Alpes (renforts d’une dizaine de camionnettes et véhicules légers observés aujourd’hui à Briançon, multiplication des contrôles et blocages sur la principale ligne de train) ne pourra qu’aggraver une situation déjà difficile pour ceux qui cherchent refuge ici. Les contrôles et la « fermeture » des cols les plus accessibles en amont de Briançon déplaceront mécaniquement les passages vers des cols physiquement plus difficiles d’accès, accroissant ainsi les prises de risque pour les « migrants » marqués par de longs mois ou années de violences subies en route. Le déplacement des passages vers des zones plus dangereuses suppose le déploiement croissant de personnels de secours en montagne. La « fermeture » des passages les plus évidents fera sans doute aussi le bénéfice des passeurs qui partageront les informations sur les voies alternatives contre une dépense supplémentaire pour les personnes qui espèrent peut-être passer la frontière. Chaque nuit, chaque jour, les candidats à l’asile en France sont illégalement refoulés à pied vers l’Italie dans un jeu policier répétitif dont on se demande s’il vise autre chose qu’à épuiser les voyageurs concernés ou à les rendre fous.

Quant à « l’enregistrement » systématique des mineurs (et majeurs) au commissariat exigé par le préfet et assuré par ses agents zélés, rappelons que rien ne le justifie et qu’au contraire, les textes légaux de référence (code de l’action sociale et de la famille) s’y opposent. Il constitue un abus policier répété, une infraction, un ensemble d’actes illégaux passibles de poursuites judiciaires contre l’administration qui décide cette mesure et l’agent qui l’exécute. Un mineur isolé a des droits en France et ses droits sont les mêmes qu’il soit étranger ou non. Il doit absolument être considéré comme mineur s’il le déclare jusqu’à ce que les services sociaux vérifient cela (et non pas la police). Il a le droit d’être soigné, logé, nourri, et orienté vers la suite son parcours (scolarité, apprentissage, etc) et de ne pas subir d’entretien forcé ou de rétention par des agents armés connus pour souvent reconduire en Italie (illégalement) ceux qu’ils ont attrapés.

Exiger d’enfants qu’ils se soumettent à un entretien policier, au cours duquel des éléments de récit leur sont aussi demandés illégalement, constitue une violence de plus contre des enfants qui ont besoin d’une protection réelle et pas d’être traités comme des délinquants.

Si la police a exécuté ces dernières semaines l’exigence du préfet d’enregistrer ces mineurs/enfants isolés au commissariat, elle demande désormais qu’ils soient accompagnés de bénévoles ou personnels accompagnants à qui sera aussi demandé leurs coordonnées. Cette opportunité de fichage des accompagnant-es pourrait permettre d’éventuelles mises sous pression et poursuites contre des personnes solidaires des exilés confrontés aux frontières.

Les menaces contre les solidarités se renforcent. Ce samedi matin, des voisins d’un col transportant un mineur vers la ville la plus proche se félicitaient d’avoir pu échapper à un « barrage » comme un autre véhicule était alors fouillé. La stratégie d’intimidation par la  criminalisation s’installe, visant à dénouer les liens d’amitié et les actes de simple solidarité.

A quel moment pouvons-nous et devons-nous refuser de nous soumettre aux abus policiers contre des enfants, et plutôt résister à des injonctions illégales, injustifiées et graves ?

Les « migrants » doivent pouvoir entrer sur le territoire pour y demander la protection qu’ils souhaitent sans aucune mise en danger.

Les mineurs doivent être immédiatement pris en charge par les services de l’état et les associations impliquées ou non dans la « gestion » sans avoir à subir d’interrogatoire policier ni être limité dans leur circulation vers le lieu de leur choix.

Les solidarités avec les personnes vulnérables, étrangères ou non, doivent être encouragées et soutenues et non criminalisées.

 Ne collaborons pas avec les violences de l’état et de ses hommes en armes, aux frontières et partout ailleurs. Résistons.

De la part de quelques-un-es d’entre nous, aux côtés de cell-eux qui voyagent

Dans ce texte, les mentions des personnes en exil sont surtout masculinisées car la réalité actuelle ici fait apparaître des visages presque tous masculins. Les causes sont nombreuses à cette quasi-absence de femmes migrantes arrivant jusqu’ici, notamment le rapt et la prostitution forcée d’un grand nombre d’entre elles durant leur long exil.

 

Ce n’est pas un accident

Entretien à l’hôpital de Briançon samedi 19 août 2017 suite à « l’accident » de la nuit précédente au col de l’Echelle.

Deux personnes exilées ont fait une chute de 40m dans les barres rocheuses près du col de l’Echelle pour fuir les forces de l’ordre. Une des victimes, dans un état grave, a été transférée vers Grenoble en service de neurochirurgie. La seconde personne est en service de médecine à l’hôpital de Briançon.
Nous avons pu lui rendre visite. Il présente de multiples plaies au visage et sur le corps, ne peut pas se déplacer pour le moment, mais est lucide sur ce qu’il s’est passé. Il évoque de manière très claire les circonstances des faits. Pendant la nuit, alors qu’ils étaient en chemin pour la France en vue d’une demande d’asile, ils ont vu une voiture de police. La voiture s’est arrêtée, les portières se sont ouvertes, les policiers sont sortis et se sont lancés directement à leur poursuite sans dire un mot.
Les deux exilés se sont mis à courir aussi, sans voir où ils allaient à cause du simple fait qu’il faisait nuit, et ont alors chuté d’une quarantaine de mètres. Les secours en montagne ont été appelés pour secourir les 2 victimes.
Ces faits concrets nous ont été clairement relatés.

A l’hôpital et dans les médias, on parle d’un accident. Pour nous, il s’agit de la conséquence de la militarisation, et du contrôle de plus en plus conséquent et violent aux frontières, et des moyens déployés pour empêcher les personnes exilées d’arriver en France.
Doit-on attendre que la police tue aux frontières du Briançonnais pour se mobiliser enfin ?
A ce jour, nous attendons des nouvelles de la personne envoyée à Grenoble à cause de la gravité de son état de santé.
Ne passons pas sous silence cette histoire en laissant croire à un accident dû aux dangers de la montagne.
La police tue, a déjà tué au-delà même des frontières, et sous couvert de l’Etat.
Ces victimes ont aujourd’hui la chance d’être encore en vie, n’attendons pas d’autres drames de ce genre pour réagir !!!!!!

Ni frontieres, ni flics, ni centres de rétention, ni prisons !

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Beaucoup moins médiatisée que dans la Roya ou à Calais, la situation dans le Briançonnais est terrible sous bien des aspects. L’État français met en place une politique de non-accueil et de répression féroce. Les migrants présents depuis plus d’un an, suite à l’expulsion de Calais et leur déportation dans les CAO, sont pris dans les rouages de l’administration sans aucune porte de sortie. Celles et ceux qui passent la frontière sont pourchassés, contrôlés, enfermés, expulsés, condamnés à la clandestinité.

Multiplier les lieux d’accueil et les actes de solidarité

De nombreuses personnes se bougent pour accueillir les exilés. Des particuliers ouvrent leurs portes, d’autres mettent la pression aux institutions, des maisons sont occupées pour fournir un lit, un canap, de quoi se reposer, se laver, manger. Ça fait plaisir, surtout quand on voit l’ambiance raciste et xénophobe qui règne dans ce pays. Alors on va pas s’arrêter là ! L’État essaye de récupérer ce mouvement de solidarité, de le formater, de l’institutionnaliser, tout en rendant le quotidien des migrants invivable, plein de violence et de désespoir. A nous de ne pas être dupes face à cela. D’éviter les pièges dans lesquels on veut nous faire tomber. A nous de mettre les élus devant leur responsabilité : on ne peut pas clamer haut et fort qu’on ira dans l’avion empêcher une expulsion et le lendemain féliciter la police aux frontières pour des dizaines de reconduites en Italie. Spéciale dédicace à une girouette bien connue dans notre département !

Méfiance vis à vis des forces de l’ordre

Bien conscient des passages de frontière incessants et de l’ampleur du mouvement de solidarité, l’État demande aux personnes solidaires de ramener les migrants au commissariat pour les ficher. Certain.e.s sont tombés dans le panneau. On ne nous y reprendra plus ! A nous d’affirmer qu’il ne faut pas collaborer avec les flics, sous aucun prétexte. On n’est définitivement pas du même côté.

Il nous appartient aussi de diffuser des pratiques pour éviter les contrôles. Par exemple, renouer avec le ô combien salutaire « appel de phares », qui si il permet à certains de conserver leur permis, peut éviter à d’autres d’avoir à présenter leurs papiers et de se faire expulser. Faites passer l’info à vos amis et collègues… De même, il faut faire gaffe à ce qu’on raconte. Si certain.e.s s’enorgueillissent de n’avoir rien à cacher et se sentent protégés par la légitimité de leurs actes, on est nombreux et nombreuses à risquer des amendes ou d’aller en tôle pour ce qu’on fait. Alors on ne balance pas les copains et copines, on ne file pas les adresses et les noms des hébergeurs et n’oubliez pas : « RIEN A DECLARER » est la seule chose que nous avons à répondre aux forces de l’ordre, même si l’officier qu’on a en face à l’air « sympa » et « compréhensif ». Qu’il démissionne s’il est sincère !

S’organiser et lutter

Accueillir, héberger, faire passer, filer des coups de mains aux exilés, c’est épuisant et parfois on se demande si on n’est pas impuissant face aux rouages administratifs et à l’urgence. Il faut qu’on se retrouve pour s’organiser collectivement et se donner de la force. Au delà des nécessaires réseaux de solidarité que nous avons constitué sur le territoire, il nous faut imaginer des moyens pour lutter contre les infrastructures qui font de la vie de nos potes un enfer, comme les centres de rétentions administratifs ou les locaux de la police aux frontières. Remettre en question le rôle des états et de l’économie capitaliste, responsables des guerres et de la misère. Car si nous sommes solidaires, ce n’est pas par charité, ce n’est pas parce que l’on considère les migrants comme des victimes. C’est parce que nous aussi on galère dans ce monde de merde. On préfère partager la révolte que le désespoir !

Des hauts alpin.e.s en colère
Le 19 août 2017

Journée Sans Frontière « Chez Marcel », le samedi 19 aout

Oyé Oyé briançonnais, briançonnaises, amis (es) de passage pour un jour ou pour toujours, qui que vous soyez nous avons une bonne nouvelle !

Au 20 route de Puy Saint Pierre à Briançon une maison qui depuis plus de 5 ans sommeille, une maison à l’abandon s’éveille ! Certes, il a fallut de nombreuses heures de rénovation, de bricolage, de débrouille, de franche rigolade pour la faire renaître. Il a fallut pas mal de bras aussi, beaucoup d’éponges, de coup de balais et de serpillières pour récurer la poussière et la suie accumulée, déblayer, et réhabiliter… Mais voilà après plus de 10 jours de travaux la maison est prête à accueillir de nouveaux habitants ! En investissant cette maison, la volonté de notre collectif est de créer un lieu de vie pour les sans papiers. En effet il est nécessaire de multiplier les lieux d’accueil et de solidarité. Cette maison est aussi un lieu ouvert de partage, d’échange et d’expressions multiples.

Pour vous la faire découvrir, nous vous invitons le 19 août 2017 à partir de 10h du matin!

Programme du jour :

Nous commencerons par un café-rencontre et une visite des lieux, ou nous prendrons le temps de vous expliquer le projet. Dans la matinée nous vous invitons à participer à la création du poulailler.

A midi, repas tiré du sac tous ensemble.

Tout au long de l’après-midi, nous proposerons des discussions et débats sur la situation à la frontière franco-italienne, les différentes initiatives d’accueil et la militarisation des frontières, pour faire le point et continuer à s’organiser dans les Hautes Alpes. Et aussi, atelier peinture et bœuf musical !

Le soir à partir de 19h concert exceptionnel du groupe DIALCALOIZ et repas spaghettis!

Nous vous attendons nombreux et nombreuses au 20, route de Puy saint Pierre !

Vous êtes priés de venir à pieds ou à vélo (sauf personne à mobilité réduite) car il n’y a pas de parking mais là maison se trouve à 5 minutes à pieds de la station service et 10 minutes du parking de la Shappe.

Briançon: Ouverture d’un lieu de résistance

Pas un pas en arrière , un grand bond en avant !

Afin d’expulser plus facilement la « jungle » calais et de Paris, l’Etat a menti aux exilés en affirmant qu’ils pourraient déposer une demande d’asile en France. Après les avoir déportés aux quatre coins du territoire dans des Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO), les belles paroles se sont envolées. Les feuilles de routes pour expulser les migrants vers l’Italie, entre autres, ont commencé à tomber. Submergés par les flux migratoires, « l’accueil » en Italie est des plus sordides. Ce pays multiplie les accords internationaux et renvoi des personnes dans des pays en guerre, comme le Soudan. Les exilés qui refusent de se rendre à l’aéroport sont déclarés « en fuite » et n’ont d’autres option que la clandestinité.

De plus, les cols frontaliers du briançonnais sont de plus en plus empruntés. Le verrouillage de la vallée de la Roya, très médiatisé, entraîne un déplacement des routes migratoires. Là aussi, la réponse de l’Etat est des plus abjectes, avec un renforcement des contrôles à la frontière, des rafles de sans-papiers et des expulsions. Cette stratégie ne freine en rien les passages, mais les rend de plus en plus périlleux pour les exilés. La France n’est pas une terre d’accueil, elle n’offre que violence et désespoir à celles et ceux qui risquent leur vie dans l’espoir de demander l’asile.

Cette situation nous révolte. C’est pourquoi nous avons décider d’occuper cette maison. D’une part pour offrir à nos amis jetés à la rue par les services de la préfecture un toit. D’autre part pourdisposer d’un lieu convivial, qui permette de s’organiser pour lutter contre les frontières, pour la liberté de circulation et d’installation pour tous et toutes.

Pour nous, peu importe la raison qui pousse les migrants à quitter leur pays, que ce soient les guerres, les changements climatiques ou l’espérance d’une meilleure situation économique.

Refugees Welcome ! BIENVENUE CHEZ MARCEL !

refugeeswelcome05@riseup.net

un récit édifiant sur l’ignominie de la politique de l’Etat en matière d’immigration

Babiker a été expulsé très discrètement hier soir(mercredi 26), de l’aéroport de Montpellier vers Bologne en Italie, où il est arrivé ce matin.
Et c’est reparti… ! Désespoir pour lui. Trahison pour nous.

Babiker 26 ans né au Darfour Ouest : ah.., ce n’est pas de chance, ça fait 30 ans qu’au Darfour, des bandes armées alimentées par le régime en place tuent, torturent, violent, pillent, en toute impunité ; l’ONU impuissante ou presque ; une des pires dictatures de la planète.
Babiker réfugié à Khartoum : dans un bidonville avec sa famille, pas de paix, on ne les laisse pas s’installer, pas d’études possibles, considérés comme des opposants du Darfour, surveillés, traqués, harcelés sans cesse, son neveu emmené par un homme de la sécurité, son corps retrouvé mort jeté au bord de la route.
Babiker en Lybie : qui de fuir son sort et arrive en Lybie, dans un pays en guerre civile, où règnent les armes, le racket, la prison sans jugement, la torture, les rançons et travaux forcés, l’esclavage pour les plus vulnérables, où l’humanité ne semble plus exister. C’est à ce pays que l’UE vient justement d’octroyer mi juillet 46 millions d’euros pour former les gardes frontières aux droits de l’homme, tandis qu’elle octroie 35 millions à l’Italie pour l’aider à l’accueil des migrants ; tiens…
Babiker sur un bateau pourri : terrorisé, qui tente de traverser la méditerranée, rêvant de l’Europe et de ses droits de l’homme, qui sait que « la mort est toute proche de moi, partout sur ma route ».
Babiker en Italie : après 11 jours parqué dans un camp sicilien jusqu’à ce qu’il donne ses empreintes digitales en juillet 2016 pour nourrir le fichier Eurodac, il est prié de quitter l’Italie sous 7 jours et d’aller voir ailleurs en Europe : l’Italie ne peut pas accueillir tout le monde, que voulez-vous, et elle ne veut pas des soudanais, qu’elle renvoie trop vite au Soudan : ça lui a déjà valu en septembre 2016 une plainte de 5 soudanais devant la CEDH, alors bon.., qu’un autre pays européen se charge de les y renvoyer ! Brinqueballé jusqu’à Milan où aucune institution ne le prend en charge, ramené tout en bas de la botte italienne à Taranto où il n’est pas plus accueilli, livré à lui-même et démuni de tout, Babiker part pour la France, comme l’y invite les italiens.
Babiker à Paris, enfin ! Aout 2016, joie, il y retrouve son cousin germain maternel, élevé et grandi au Soudan tout comme lui, avec le même déplorable vécu soudanais. Il pense enfin pouvoir respirer, on enregistre sa demande d’asile, il est logé et a une petite allocation pour se nourrir. Il ne s’attarde pas sur la mention « Procédure Dublin » sur son attestation, car on lui a promis que s’il accepte, tout comme son cousin et d’autres « relocalisés » en province, de monter dans un bus pour Montpellier, ils ne seront pas renvoyés aux frontières, leurs dossiers seront bien examinés en France par l’OFPRA. .
Babiker à Montpellier : depuis début novembre 2016 qu’ils sont au CAO Marconi du Millénaire, son cousin a été reçu en entretien par l’OFPRA, qui a étudié sérieusement et vérifié son dossier et lui a accordé l’asile et la carte de réfugié. Son cousin est heureux et Babiker attend son tour, apprend le français, noue des liens avec les habitants de Montpellier, partage des bouts de nos vies, réapprend à sourire, à faire confiance, croit pour la première fois en l’avenir possible d’une vie d’homme pour lui aussi…

… Jusqu’au 18 juillet dernier où tout s’écroule brusquement, s’accélère soudainement, sans qu’on ne sache pourquoi ! La préfecture lui notifie ce jour là, comme à 5 autres soudanais, une assignation à résidence au CAO du Millénaire au motif d’un possible risque de fuite, le contraint à se rendre chaque jour à 16h au commissariat, avec tous ses effets personnels, pour attester sa présence (bizarre.., il ne cherche pas à fuir).

Le Tribunal administratif de Montpellier, qui reconnaît l’absence de risque de fuite, valide pourtant le 24 juin la mesure d’assignation à résidence, qu’il n’estime pas disproportionnée. Disproportionnée à quoi ? A l’anxiété violente qui soudain réapparait, celle de ne pas savoir ce qu’on vous réserve, ce qu’on vous cache, ce qu’on prépare pour vous mais sans vous en informer, ce que va être votre sort et où vous serez demain ? Celle qui fait que Babiker fait brusquement un malaise puis se ressaisit vite vite, pour nous laisser croire qu’il n’a pas trop peur, que ça va quand même, qu’il garde espoir jusqu’au bout ?

Le lendemain 25 juillet à 16h, malheur !, ses 4 compatriotes d’infortune repartent du commissariat sans lui, Babiker est retenu dans un bureau de la Police de l’air et des frontières pour « vérifications », puis embarqué dans une voiture vers dieu sait où, sans adieux possibles, sans aucune sérénité, préparation, information. On va avertir son avocat, dit la police : ce n’est pas vrai ; il faudra attendre le lendemain matin pour apprendre qu’il a été placé la veille au Centre de rétention de Nîmes dans le Gard (pourquoi pas au CRA de Sète, dans l’Hérault ?), qu’il lui faut donc un autre avocat nîmois cette fois, pour déposer un recours devant le Juge de la liberté et de la détention du TGI de Nîmes.

Le recours est déposé en urgence, mais la Loi n’oblige pas à attendre : alors, on accélère encore, on embarque Babiker en voiture vers l’aéroport de Montpellier pour un vol du début d’après-midi. Ses amis, partis pour lui dire adieux au cra, l’y rejoignent pour lui remettre des cadeaux avant son départ. Ils dérangent ? Ils sont des témoins gênants d’une expulsion qu’on voudrait plus discrète, invisible ? Qu’à cela ne tienne, on annule le départ de Babiker, on annonce qu’on le ramène au centre de rétention de Nîmes.

Les amis repartent chez eux, persuadés que le juge judiciaire, garant des libertés de chacun en matière de privation de liberté injustifiée, va statuer ce matin et libérer Babiker. Qu’à cela ne tienne, la préfecture n’attendra pas la décision du juge et ramène Babiker à l’aéroport en catimini dans la soirée, pour un vol à 22h pour Paris, puis ce matin pour Bologne en Italie. Reparti quasiment à la case « départ », Babiker lutte aujourd’hui contre le désespoir, se demande où il va dormir ce soir, nous dit : « ma vie sans France va être difficile ».

L’avocate nîmoise de Babiker a plaidé tout seule ce matin, sans son client à ses cotés, devant un Juge de la liberté et de la détention de Nîmes embarrassé par cette expulsion déjà réalisée à l’heure où il statue. Il vient de juger qu’il n’y avait pas lieu de se prononcer sur la demande de prorogation de la détention demandée par la préfecture, puisque Babiker a déjà été « éloigné » et que cette demande administrative est donc devenue sans objet. Il a curieusement omis de statuer sur l’illégalité de la mesure de rétention en CRA dont l’avait pourtant saisi l’avocate de Babiker.

Babiker voulait pouvoir jouir de ses droits jusqu’au bout, espérant être entendu par la Justice française. Il avait donné mandat pour faire appel en cas de rejet de son recours. Nous y veillerons, pour son honneur et le notre.

Qui Babiker dérangeait t-il donc, dans notre beau département, pour qu’on le traite autrement que son cousin germain maternel, reconnu comme légitimement réfugié en France ? Qu’est ce qui justifie cette différence entre eux, cet arbitraire, alors qu’ils ont grandi ensemble et partagent la même histoire ? L’un réfugié, l’autre expulsé vers l’Italie, cela n’a pas de sens.

A quoi joue la préfecture de l’Hérault avec Babiker et ses quelques compagnons d’infortune, si ce n’est au chat et à la souris, en décidant de les déplacer tels des objets à qui il n’est nul besoin de donner d’information préalable, que l’on peut soustraire précipitamment au regard du Juge judiciaire et expulser hors les yeux de ses amis ?

A Montpellier, au Vigan, à Barcelonnette, à Calais, à Paris, à la Roya, à Briançon, etc., partout en France, des citoyens s’insurgent, appellent, crient, pleurent, supplient, se mettent en colère, choqués de constater que c’est prétendument en leur nom qu’on applique une politique migratoire indigne, délibérément sous-dimensionnée, juste bonne à cultiver le rejet de l’autre, les divisions, les fractures sociales…

Nous sommes nombreux à vouloir que Babiker et d’autres soient accueillis dignement en France, au nom de nos valeurs et traditions d’accueil. Nous sommes nombreux à comprendre que l’Italie n’a pas à supporter seule les raisons de l’exil, sans pouvoir compter sur la solidarité européenne qui ne peut se résumer à quelques millions d’euros supplémentaires.

Nous sommes nombreux ! Montrons-le ! Faisons le savoir ! Refusons de nous taire !